Mme Roger - Facture de la couturière, 47 boulevard Haussmann à Paris (1888)
Bon exemplaire d'une facture de 1888 réalisée par le graveur Stern pour la maison Roger. Cette maison de couture dirigée par Madame Roger fournissait les grandes cours européennes. Madame Roger aurait eu la première l’idée de vendre le vêtement confectionné, étoffe comprise et non la seule façon.
Titre | Mme Roger, couturière, 47 boulevard Haussmann à Paris |
Type | Facture |
Édition | Paris, Stern, 1888 |
Description |
1 feuillet imprimé en noir. Détails de commande manuscrits. |
État | Bon état, anciennes traces de pli. |
Dimensions | 275 x 210 mm |
S'inscrivant dans la dynamique initiée par Rose Bertin et les marchandes de modes, des couturières occupent au XIXème le premier plan de la scène de la mode en fournissant les familles royales et impériales. Des couturières parviennent à se dégager des contraintes de la représentation à la cour en créant des formes nouvelles et en innovant. Parmi elles, madame Roger fait figure de pionnière. Elle aurait en effet eu la première l'idée de vendre le vêtement confectionné, étoffe comprise et non la seule façon. Située 25 rue Louis Legrand, la maison de Madame Roger oubliera rapidement les factures dépouillées du début des années 1850 pour afficher fièrement dans les années 1860 les blasons des plus grandes familles royales d'Europe. Une facture de 1867 de Mme Roger est reproduite dans le catalogue du Musée Galliera Sous l'Empire de la Crinoline paru en 2008. Elle indique alors encore l'adresse du 25 rue Louis Legrand. La maison Roger occupera ensuite le 4 rue Mogador avant de s'installer 47 boulevard Haussmann puis enfin au 35 boulevard Haussmann en 1888.
Gaston Worth en 1895 dans La Couture et la Confection des Vêtements de Femme disait ceci de Madame Roger, la créditant de l'origine "d'une révolution dans la manière de se vêtir" :"Une femme, et il nous est très agréable de constater que c'est à une femme que l'on doit l'idée, d'ailleurs fort simple, qui devait provoquer la création de l'industrie nouvelle, Mme Roger eut la première, la pensée de fournir elle-même l'étoffe des robes qu'elle confectionnait et de la vendre à ses clientes en ajoutant le prix de ce tissu à celui de la façon, réalisant ainsi un double bénéfice".
Dans Au Pays des Mannequins paru en 1928, Louis Roubaud met en scène la rencontre de Worth et de Madame Roger :
"C'était un jeune homme de vingt ans, Charles-Frédéric Worth. Ses cousins, ses camarades de collège partaient pour les Indes ou le Canada. Il traversa simplement la Manche et trouva un petit emploi chez Gagelin, marchand de nouveautés.
Derrière le comptoir, avec d'autres garçons, il vendit d'abord de belles étoffes unies. On lui demandait une robe ; il comptait six mètres, car la mesure en variait pas. Un jour qu'il venait de débiter le coupon classique, une cliente lui ordonna :
- Encore dix-huit mètres.
- De cette même tissiou ? s'étonna l'Anglais.
La dame sourit :
- Oui, pour quatre robes. Je suis couturière, mes clientes se fient à mon goût et m'ont demandé de choisir pour elles.
Ainsi, Mme Roger - son nom appartient à l'histoire - avait imaginé de vendre l'étoffe avec la façon.
"Pourquoi, pensa le commis de M. Gagelin, mon patron ne vendrait-il pas la façon avec l'étoffe."
Les inventeurs, les précurseurs sont d'abord des fous. S'ils s'obstinent, leur génie a raison. M. Gagelin fut convaincu deux ans plus tard, en 1848, et le petit Worth fit des robes avec les soies du marchand de nouveautés."
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